lundi 31 juillet 2017

FRÈRES MIGRANTS, de Patrick Chamoiseau

… Gaz au poivre sur femmes, hommes, enfants. Naufragés, corps sans vie. Viols, tortures, rejet sous toutes ses formes, etc. Réfugiés ou pas, je pense à des humains pas à des statuts répertoriés, ce qui arrive aux migrants se passe en ce moment en France, en France aussi, sur nos rives, nos côtes, dans nos villes. Nous le voyons et le savons tous. Quand je travaillais sur Les Indes, un poème d’Edouard Glissant qui depuis la traite transatlantique parle de ce que l’humain peut se faire subir en terme d’asservissement (le colonisateur sur le colonisé, l’homme sur la femme, l’humain sur l’environnement…), je savais que le propos était actuel et qu’il faut se souvenir pour lire le présent et aller de l’avant. Nous souffrons de l’oubli et nous percevons tous que ce qui se passe « ailleurs » est indissociable de ce que nous vivons ici. Je viens de faire une série de dates avec FRÈRES MIGRANTS, le dernier livre de Patrick Chamoiseau, devant des publics très différents, en salle de concert, de spectacle, dans des parcs… majoritairement en entrée libre ou à des tarifs franchement abordables. Le public est venu en nombre, à l’écoute, chaleureux, et je le sentais là, avec nous sur scène et dans le texte. Je pense aussi aux personnes qui sont venues me parler après, en soutien, en amitié. C’était bon, merci. 

Chaque soir depuis la scène, j’ai vu beaucoup, mais beaucoup de gens pleurer. Nous souffrons de ce qui nous arrive, d’être désemparés face à ce qui nous fait vomir et que nous pensons ne pas pouvoir combattre. Que vous soyez parents comme moi, femme, homme, et toutes les variations que nous avons la chance d’avoir en nous, je suis sûre que nous pouvons tous agir. La catastrophe est mondiale et nous concerne, mais nous sommes dans des sociétés individualistes où les divisions nous isolent et nous affaiblissent. Alors ne nous faisons pas avoir, ne perdons pas de temps à pointer du doigt celui ou celle qui agirait moins bien, moins efficacement, moins comme nous le ferions ou le faisons déjà, cela nous plante et nous plantera toujours, un virus. Chaque geste compte et aucune action n’est méprisable « un sourire, un café… », AUCUNE. Faisons ce qui est à notre portée et restons ouverts. Agissons, réagissons, même seul-e-s, n’ayons pas peur d’être « solitaires et solidaires », c’est aussi une très belle façon d’être ensemble. Laissons-nous grandir. Prenez soin de vous.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire